Éruption solaire : attention chérie, ça va ioniser !

    Parmi les épées de Damoclès qui menacent notre civilisation thermo-industrielle digitalisée, il y a les grands classiques surexploités au cinéma (guerre nucléaire, astéroïde exterminateur, catastrophe écologique majeure, invasion extraterrestre, pandémie, éruption volcanique globale, IA misanthrope) et il y a les autres, bien moins célèbres, mais pas forcément moins catastrophiques. Et parmi celles-ci, figure en bonne place un phénomène naturel particulièrement terrifiant : l’éruption solaire.

    Aurores boréales…

    Peu de gens le savent, mais notre soleil vit un cycle d’une période d’environ 11 ans au cours duquel alternent phases de sommeil et d’activité plus ou moins tumultueuses. Au cours de ces dernières, des tâches solaires peuvent se former à la surface du soleil avant de dégénérer en explosion éjectant du plasma en direction de l’espace, et parfois des planètes qui l’entoure : c’est l’éruption solaire. Lorsque ce panaché de particules hautement énergétiques frappe la Terre, il est généralement repoussé par son puissant champ magnétique, sauf aux pôles où celui-ci est intrinsèquement faible. Ces particules percutent alors notre atmosphère dont elles ionisent les gaz comme dans un tube fluorescent, et forment alors de somptueuses aurores boréales, le rose correspondant au diazote et le vert au dioxygène.

    Ça, c’est pour les gentilles éruptions, car les éruptions solaires sont classées en différentes catégories selon l’intensité maximale de leur flux énergétique telle que déterminée par le système GOES. Les classes sont ainsi notées A/B/C/M/X, chacune correspondant à une intensité dix fois supérieure à la précédente. Au sein d’une même classe, les éruptions sont aussi numérotées de 1 à 10 selon une échelle linéaire, une éruption de classe 2 étant deux fois plus puissante qu’une classe 1. Et quand on commence à causer d’éruption de classe X20+, on est plus vraiment dans le show lumineux sympa.

    … et évènement de Carrington

    À titre indicatif, l’éruption solaire de classe X20 ayant frappé la Terre le 13 mars 1989 lors du 22e cycle solaire, a endommagé le réseau électrique du Québec entraînant une coupure générale qui a duré 9h et dont l’impact est estimé à 13Mrds$ de l’époque. Si ce n’est pas la plus puissante mesurée à se jour (ce titre est détenu par l’éruption du 04 novembre 2003 classée X40+), elle a cependant eu le mauvais goût de frapper la Terre de plein fouet au lieu d’aller se perdre dans l’espace comme la plupart de ses camarades, et cela dans une zone géographique particulièrement sensible à ses « charmes ».

    Car si les éruptions solaires de notre gentil soleil ne sont pas spécialement dangereuses pour l’écosystème de notre planète bien protégée par son bouclier magnétique (d’autres types d’étoiles comme les naines rouges sont beaucoup plus rugueuses dans cet exercice), elles sont en revanche extrêmement toxiques pour une infrastructure particulièrement critique de nos sociétés modernes, les réseaux électriques, qui ne sont PAS DU TOUT conçus pour supporter les énormes courants induits qu’elles y génèrent. Et quand on sait que l’éruption solaire la plus puissante ayant frappé la Terre à l’époque moderne, celle de Carrington en septembre 1859 de classe estimée X42+, a littéralement cramé la seule infrastructure de télécommunication de l’époque (le télégraphe), on peut raisonnablement s’interroger ! Et si l’on rajoute que la probabilité de survenue d’un tel évènement est estimée à 1 fois tous les 150 ans, on a même le droit de paniquer ! À titre de comparaison, la fréquence d’impact des astéroïdes de 3 km diamètre susceptibles d’avoir impact significatif sur notre biosphère (hiver d’impact) n’est que de 1 tous les 2 millions d’années. On parle juste pas de la même nature de risque.

    Mais pourquoi tu nous parles de tout ça ?

    Parce que le jeudi 3 octobre 2024 à 14h18 heure française a eu lieu l’éruption solaire la plus puissante du 25e cycle solaire (nous sommes en plein pic), et que celle-ci se dirige en plein vers la Terre qu’elle devrait frapper au cours de la journée de samedi. Heureusement pour nous, sa classe n’étant « que » de niveau X9.05, elle ne devrait pas provoquer de graves dégâts au sol, mais devrait générer des aurores boréales visibles un peu partout en Europe à des latitudes inhabituelles. C’est pourquoi je vous encourage à être attentifs pendant la nuit de samedi à dimanche, et si la météo est clémente, vous pourriez avoir le rare privilège d’assister à une aurore pas si boréale que cela.

    Bon weekend à tous !


     

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